Présentation de l'éditeur
Les violations des droits de l'homme et l'absence d'opposition politique dans les dictatures font régulièrement l'objet de critiques. Ce que l'on connaît moins, c'est le fonctionnement intime de ces régimes, les mécanismes par lesquels des populations entières se trouvent durablement assujetties. C'est ce travail de dévoilement qu'a entrepris Béatrice Hibou. A la croisée de deux traditions intellectuelles, l'économie politique wébérienne et l'analyse foucaldienne, elle analyse, à partir du cas de la Tunisie, les modes de gouvernement et les dispositifs de l'exercice concret du pouvoir. Elle montre comment ces dispositifs façonnent les modalités de l'obéissance, voire de l'adhésion. L'auteur fait émerger les rationalités des mécanismes d'assujettissement à partir de l'analyse de l'économie tunisienne. Elle explique ainsi comment l'économie d'endettement, la fiscalité, la gestion des privatisations, l'organisation de la solidarité et de l'aide sociales créent des processus de dépendance mutuelle entre dirigeants et dirigés. La répression et le contrôle policier apparaissent alors moins centraux que les arrangements, les accommodements, les petites ruses calculées, les compromissions au jour le jour, les instrumentalisations réciproques garantissant la légitimation quotidienne du régime. Bien au-delà du seul cas tunisien, cet essai dérangeant fait comprendre comment se perpétuent les régimes autoritaires. Il permet aussi d'éclairer les mécanismes de domination à l'œuvre dans les États que l'on considère comme démocratiques.
Biographie de l'auteur:
Chercheur au CNRS, affectée au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po, Béatrice Hibou est notamment l'auteur de " L'Afrique est-elle protectionniste ? Les Chemins buissonniers de la libéralisation extérieure " (Karthala, 1996), " La Criminalisation de l'État en Afrique " (Complexe, 1997, en collaboration) et " La Privatisation des États " (Karthala, 1999, sous sa direction).
Table des matières complète
LE POUVOIR A CREDIT
Créances douteuses
La dépendance par l'endettement
L'ADHESION ENCADREE
Un quadrillage méticuleux
Le travail normaliseur de l'appareil bureaucratique
NEGOCIATIONS ET CONSENSUS : LA PUISSANCE DES " DOUCEURS INSIDIEUSES "
Entre conflictualité cachée et recherche permanente de compromis
L'accommodement négocié
Les contours du pacte de sécurité tunisien
SURVEILLER ET REFORMER
Le réformisme : un " bon dressement "
Des réformes à perpétuité, succès du réformisme
2 comments:
Salut Samsoum. Je voudrais simplement te dire que tu ne dois pas te priver de lire ce livre pour diverses raisons :
- pour connaître la valeur d'un livre, il faut le lire, réflexe naturel du chercheur ou simple curieux, ce qui permet d'établir si on est d'accord ou non avec tout ou partie de l'ouvrage ;
- cet ouvrage n'est pas la première oeuvre où un universitaire expérimenté utilise conjointement Weber et Foucault : quand on analyse un thème transversal il peut arriver que l'on se trouve obligé de se pencher à la fois sur l'un et l'autre de ces deux grands penseurs ;
- toute tentative d'analyse est intéressante et, comme personne ne détient l'ensemble des clés nécessaires, alors ce travail peut apporter des éléments de réflexion enrichissant autant qu'un autre ;
- enfin, les regards extérieurs sont souvent utiles à la réflexion. Il peut être intéressant de trouver en librairie, à côté d'ouvrages qui sont écrits par des personnes directement impliquées dans la vie publique (sphère du pouvoir ou opposition) un autre type d'ouvrage comme celui ci.
Roumi, j'ai deja decide de lire ce livre :-).
Tu as parfaitement raison, on ne doit pas refuser de lire un livre par principe.
En lisant ce livre apres lu ton avis et celui de Tarek m'aidera dans dans mon propre jugement.
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